Par Adrien Baccichetti (biologiste) et Kateryna Baccichetti (biochimiste).

Les réactions d’inflammation rentrent en jeu dans le cadre des maladies inflammatoires comme l’arthrite, la polyarthrite rhumatoïde ou les allergies. Nous allons vous présenter les résultats d’études réalisées sur l’influence d’extraits d’ortie sur les mécanismes inflammatoires.

L’activateur de transcription NF-kappaB (famille des cytokines) est très élevé dans le cas de maladies inflammatoires car il induit l’expression de gênes pro-inflammatoires.

L’étude de Riehemann et al., 1999 montre que l’extrait de feuilles d’ortie inhibe la production de cytokines (NFK-B) en empêchant la dégradation de son inhibiteur, la sous unité IkappaB-α . Ainsi, l’inhibiteur ne pouvant être dégradé, il continue à exercer son action inhibitrice sur le NF-kappaB. Ce dernier étant inhibé, il ne pourra pas induire l’expression des gênes inflammatoires.

Les auteurs précisent donc que l’action anti-inflammatoire de l’extrait d’ortie est due à ses effets inhibiteurs sur l’activation de la cytokine NF-kappaB.

Deux autres études, conduites par Obertreis et al. et Teucher et al. en 1996 à l’université de Hambourg, ont démontré l’action inhibitrice de l’extrait d’ortie sur le facteur de nécrose tumorale TNF-α et l’interleukine IL-1 β. Ces facteurs sont également impliqués dans les réactions inflammatoires et sont inhibés par l’extrait d’ortie utilisé pour ces études.
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Ce schéma montre le mécanisme de la « cascade arachidonique » à l’origine de la synthèse des prostaglandines et leucotriènes impliqués dans les réactions d’inflammation et d’allergie. Wichtl et Anton, 2003 ainsi que Fleurentin, 2008, ont démontré que l’acide caféique inhibe la biosynthèse des enzymes de la cascade arachidonique. L’acide caféique est présent dans l’ortie a raison de 1,5 g pour 100g de feuilles.

L’étude de Roschek, 2009 montre que l’extrait d’ortie inhibe la formation des cyclooxygénases, ce qui bloque la formation des prostaglandines pro-inflammatoires. Il a aussi un effet inhibiteur sur le PAF (platelet activating factor) responsable de la libération d’histamine par les mastocytes. Ils démontrent que l’extrait inhibe également les récepteurs histaminiques H1 et la tryptase, qui induit la dégranulation des mastocytes. L’inhibition de cette tryptase par l’extrait d’ortie utilisé, empêche la libération des chimiokines et cytokines responsables des symptômes de l’allergie tels les congestions nasales, l’éternuement, les yeux larmoyants, les démangeaisons.

Yang et. Al de l’université de Hong Kong tirent comme conclusions d’une étude réalisée en 2013 que les résultats obtenus par les extraits d’ortie sur les maladies inflammatoires, et en particulier la polyarthrite rhumatoïde, proviendrait, entre autres, des acides phénoliques et des flavonoïdes présents dans les plantes.

Ces études sérieuses mettent en évidence l’efficacité de l’ortie pour lutter contre les processus inflammatoires. Cette action est due aux polyphénols, aux flavonoïdes, à l’acide caféique et à la haute teneur en silicium. Dans le cas d’inflammations articulaires ou de tendinites, le silicium aidera l’élastine à se reconstituer pour assurer la souplesse au tissu et il favorisera la fixation des éléments constitutifs (calcium, chondroïtine, phosphore, glucosamine) pour reformer au mieux l’articulation endommagée.

En s’opposant à l’action de l’élastase, enzyme qui détruit l’élastine lors des phénomènes inflammatoires, le silicium permet de lutter contre les effets néfastes de l’inflammation sur les organes et de maintenir leur bon fonctionnement.